Ci-dessous le mail envoyé par Marc Décosterd, mon Colonel mais aussi pote-réalisteur (Retroune-toi et Erwan I et II). Je le mets ici (son mail hein) intégralement avec sa permission, et en le remerciant encore pour toutes ces gentilles choses qu’il m’avait écrites à l’occasion de la sortie de l’album Neuf cent neuf femmes de face:
« Bonjour Lieutenant,
Je viens pour vous donner, comme promis, un retour sur votre album que j’ai écouté en long, en large et en travers à plusieurs reprises durant mon séjour à Saigon.
D’abord un mot sur le son général de la galette. Je trouve que c’est une belle baffe, ça pète bien! Les instruments nous sautent aux oreilles avec une pèche d’enfer. Ce que j’apprécie ÉNORMÉMENT c’est que la voix n’est pas en reste, ce qui n’est pas toujours le cas dans les albums rocks. Alors on comprends que l’on est dans un « album rock – à texte » et là, moi je dis bravo! On se laisse emballer dans ces récits tout en fredonnant et tapotant la rythmique. ça marche à fond.
dans l’ordre:
1. Pour cette chanson, on en avait déjà parlé, je suis très fan des petites rythmiques synthétiques qui sont très rock-électro. Et j’adore la batterie qui arrive seulement après quelques secondes (très « hauts les coeurs! »). Pour le texte, j’aime aussi beaucoup ce que ça raconte et l’arrivée de la langue française est vraiment bien amenée avec un changement radical dans les guitares. Le mélange des langues change l’ambiance en cours de titre et c’est super intéressant. On passe du rock anglo-saxon au rock français avec l’impression que la partie anglaise est plus « trash » et la partie française plus cynique. Enfin, je te donne mon impression. Bonne chanson et belle entrée en matière pour l’album.
2. J’adore le rythme presque « rituel » de cette chanson. L’interprétation voix et l’utilisation de ce rythme quasi « indien d’amérique », donne un ton lacif, parfois lancinant, qui est juste merveilleux avec le texte : « elle en a marre, elle en a sa claque, etc »… Une chanson hyper cohérente qui (pour en revenir à l’aspect rituel) a quelque chose d’ensorcelant dans le son. Avec à nouveau les sons électro qui me font bien triper. Pour ma part, une de mes chansons préférées de la galette, texte et musique compris. Le seul bémol, c’est les chœurs qui me parlent
moins sur celle-là. Mais là je fais la fine bouche (oreille)…
3. Superbe balade, avec une sonorité très rock des fin 80, début 90 que j’adore. La voix est juste fabuleuse, autant j’aime quand tu chantes plus aigü autant ça me prend au bide quand tu laisses trainer ta voix. Sérieux, c’est du tout, tout bon! Et le texte est vraiment très touchant, elle me prend aux trippes cette chanson! Le piano aussi est évidement le bienvenu avec ce qu’il apporte de nostalgie. Le tout est baigné dans une de ces mélancolie dont je suis friand et que tu maitrises excellemment bien, comme dans Gone Dark. Quand la chanson se développe plus vers le rock, on en aurait la chair de poule.
4. Perso, celle-là, je suis moins fan, mais c’est évidement complétement subjectif. Le texte me parle moins et je suis moins fan des sonorités 80’s des percus, j’ai de la peine à expliquer pourquoi. Je crois que « mélodiquement » je m’y retrouve pas.
5. Le bon rock cynique ou ironique! C’est juste énorme! Et ton interprétation est vraiment formidable. Pour le coup, tu chantes et tu interprètes vraiment un rôle en même temps. J’adore. Le texte oscille intelligement entre humour et tendresse. Musicalement ça marche super bien aussi avec la guitare acoustique qui s’invite à la fête pour la
fiesta espagnole. D’ailleurs c’est une des chose que j’apprécie beaucoup sur tout l’album: la cohérence de la musique. Il n’y a pas de hasard, c’est réflechis et ça, moi ça me botte à fond. Il faut le souligner parce que je trouve que, de nos jours, pas grand monde abouti l’instrumentation comme ça. Beau boulot Jérôme.
6. Encore une fois, excellent sons électro avec cet aspect « commodore 64 » du plus bel effet. Pareil que pour la précédente, tu joues un rôle et tu le joues très bien! Quelque part entre un sorcier satanique, un Léonard Cohen possédé et un Tom Waits sous acide. J’aime beaucoup les passages où ta voix semble réellement exprimer une colère contenue; ça
donne un ton très tendu, « sur le fil ». Cette chanson a une tinte réellement tragique. De plus, quand le français arrive, ça surprend vraiment et là je dis aussi chapeau-bas au mixage sur la voix, qui est une belle réussite, tes paroles nous entourent soudainement, c’est très troublant. Le côté très tendu se relâche soudain avec le français, ce qui est super intéressant. Quelque chose de l’orgasme, en fait. (si, si.)
7. Celle-ci est ma favorite avec la 8. Cette musique doucement festive et ses choeurs « choubidou-bi » c’est vraiment une sacrée réussite! En plus j’adore ton chant, ici plus dans les aiguës. Ah et le violon! Le violon! Je trouve qu’il y a beaucoup de respect pour ce « garçon manqué » dans le texte. Et ça me fait penser aussi à une chose, qui fait que j’aime beaucoup ce que tu fais, une de tes forces (parmi d’autres): Il y a souvent dans tes chansons – au-delà de la musique pêchue – un côté desespéré qui s’insinue sournoisement. C’est vraiment le cas ici par
exemple, enfin pour moi en tout cas. Tes chansons ne sont pas linéaires, elle ont plusieurs couches de lecture et de ton. Et bien sûr, un aspect très visuel dans tes textes. Du coup on a la musique et les images. C’est particulièrement le cas ici aussi, je trouve : « le café au coin de la rue, les jeans usés, les posters de Brel et Brassens sur la même photo, etc… » Et l’arrivée de la guitare électrique (et de l’anglais) est un de ces moment épique qu’on espère trouver sur tous les albums mais ce n’est pas toujours le cas. Ici oui.
8. Très beau texte. J’aime aussi beaucoup la guitare plus aigüe qui joue sans relâche « à l’arrière plan » et surtout la « pause » centrale où un petit son électro continue de pulser, on sent que ça va péter et on attend ça avec délice. Et quand ça pète, Seigneur Dieu, ça pète! Quel bonheur ce moment quasi punk, pour un peu on ferait un pogo dans son salon! D’ailleurs je me suis blessé. Celle-là, je me la fous en boucle tellement elle déchire sa race. Il y a là quelque chose du plaisir coupable, comme un bon film d’action-noir qui déménage. Et quel personnage cette fille! On en ferait un film. Ou un clip? Du tout grand. Pour moi, avec Garçon Manqué, la chanson la plus cash dans le texte.
9. Le texte est très noir, sans espoir, évidement je trouve ça top! Il y a quelque chose de radical dans cette chanson: le texte carré, ciselé, minimaliste presque, la durée de la chanson, et musicalement le cocktail guitare-batterie qui est à tomber à la renverse. Pas de consession jusqu’à la dernière seconde où l’on entend le batteur poser-jeter ses baguettes (c’est bien ça?), genre « voilà, c’est terminé, je me casse » – « et fuck you ». Excellent, et surtout belle façon de clore l’album.
Hey, voilà, j’ai été un peu bavard… bravo Jérôme, t’as fait du beau boulot. Une galette qu’il faut diffuser, nom d’une pipe en bois! T’as un énorme talent et t’as plutôt intérêt à pondre de nouveaux albums et plus vite que ça! Me réjouis qu’on rebosse ensemble musicalement (clip, musique de film et je ne sais quoi encore!) Je terminerai en rappelant qu’en plus, la pochette du disque est vraiment excellente et fonctionne hyper bien avec le contenu. Un bel objet visuel et sonore que tu tiens là.
Respects Lieutenant… je serai au premier rang de ton concert, c’est certain!
allez, je t’embrasse,
à bientôt pour une bouffe?
Marc »